Voiture autonome, train autonome… Demain, tous connectés?
Lors du Forum de l’IoT organisé par l’Acsel en partenariat avec Docapost et qui s’est tenu le 17 octobre dernier à Paris, nous avons abordé deux grands enjeux de la vie connectée : la santé d’une part et la mobilité d’autre part. David Leborgne, CDO de la SNCF et Laure Wagner, Porte-parole de BlaBlaCar étaient présents avec nous lors de cette journée pour parler du futur de la mobilité et notamment des voitures et train autonomes.
L’IoT et la SNCF, quel rapport ?
“L’IoT sert à soigner notre système de transport, pour faire le parallèle avec la santé. On peut connaître en temps immédiat l’état de robustesse de l’infrastructure. On cherche aussi à rendre le système moins coûteux en intervenant seulement au bon endroit.” explique David Leborgne. “Pour le prédictif, il faut collecter beaucoup de données et des données de qualité. Nous allons y venir progressivement. Il y a toute une acculturation de l’entreprise à faire auparavant.”
Actuellement, la SCNF récupère les données de vibration des rails pour déterminer leur état. Les capteurs sont posés directement sur les rails. Des actions préventives sont ensuite mises en place;
“Demain, on aura assez de données pour faire du prédictif. Nos clients attendent cela et un service ferroviaire plus efficient c’est aussi un service moins cher. Cependant, nous travaillons sur un marché très réglementé. On ne met pas n’importe quel capteur sur une voie quand un TGV passe dessus. Les contrôles de sécurité sont l’une des limites à la mise en place rapide de ces innovations.” complète le CDO de la SNCF. Il reconnaît d’ailleurs que le déploiement massif de la 4G va permettre de rendre plus homogène la collecte de données des capteurs connectés ferroviaires sur le territoire. Pour ce qui est de la voiture autonome par contre, David Leborgne nous confirme que rien ne sera possible sans un réseau 5G.
Le train autonome, qu’est-ce que c’est ? C’est un train sans cheminots ?
“Le train autonome, c’est avant tout un train plus efficace. On doit protéger l’emploi bien entendu. Nos trains rentrent tous les soirs au garage. On pourrait par exemple les ramener à leur garage sans conducteurs pour être plus efficaces.”
L’algorithme va permettre d’optimiser la conduite et de faire rouler plus de trains sur une même ligne par exemple pour éviter de construire de nouvelles voies. “Il faut mélanger l’expérience du conducteur et la puissance de calculs de la technologie. La technologie ne remplace pas l’humain, elle est là pour l’aider.” complète David Leborgne. Selon ce dernier, le TGV autonome pourrait être une réalité en 2030. Mais les expérimentations ont d’ores et déjà démarré.
Quel avenir pour BlaBlaCar avec la voiture autonome ?
“Aujourd’hui, il y a un milliard de voitures sur terre mais qui sont sous optimisées. Elles sont souvent utiles pour le dernier kilomètre. Chez BlaBlaCar, on s’évertue à optimiser la voiture, son remplissage et ses trajets. Nous voulais faire un réseau de voitures connectées pour le transformer en un réseau de transports en commun.” explique Laure Wagner, porte-parole de l’entreprise. Selon elle, autopartage et covoiturage sont d’ailleurs compatibles.
“Plus on améliore nos algorithmes, plus on améliore notre réseau. Jusqu’à janvier 2018, nous mettions en relation des conducteurs qui faisaient le même trajet. Aujourd’hui, avec le “corridoring”, nous sommes capables de connecter un passager qui veut faire une partie du trajet seulement avec un conducteur qui passe par ses points de départ et d’arrivée. Pour un Paris-Lyon, il est possible de prendre un passager à Auxerre et de le déposer à Beaune. Si demain toutes les zones rurales sont desservies par les voitures qui passent par là, nous disposons d’une énorme force de frappe qui permettra de réduire le nombre de voitures.“ ajoute la représentante de BlaBlaCar.
Pour ce qui est de la voiture autonome, il y a deux scénarios possibles comme l’explique Laure Wagner : “Cela pourrait être le paradis où l’on n’aurait plus que 10% des voitures actuelles avec beaucoup moins d’émissions de CO² ou cela pourrait être l’enfer si l’on pense l’automobile comme aujourd’hui avec chacun qui est propriétaire de sa voiture et toujours autant de monde sur les routes. Que la voiture soit conduite ou non par quelqu’un, on pourra quand même faire les mises en relation chez BlaBlaCar. On deviendrait un système de réservations de place dans les voitures qui circulent qu’elles soient autonomes ou non.” conclut la porte-parole de l’entreprise.
Sur le sujet de la réduction du nombre de véhicules, David Leborgne la rejoint : “Nous souhaitons lutter contre l’autosolisme qui est l’usage individuel de la voiture personnelle. Pour cela, nous voulons utiliser l’IoT et l’IA pour apporter la meilleure expérience de mobilité à nos utilisateurs. Cela implique aussi des partenariats comme c’est actuellement le cas avec BlaBlaCar.” Depuis le printemps 2018, il est en effet possible de trouver des Ouibus sur BlaBlaCar lorsque tous les covoiturages sont plein. Un rapprochement de bon augure pour limiter l’impact des émissions de CO² des voitures personnelles.
Par Constance Guyon