La réalité virtuelle au service des RH et de la formation

@ReinventWork, Article

Temps de lecture : 3 minutes

Le 14 mars 2019, la commission #ReinventWork de l’Acsel organisait une matinée autour de la réalité virtuelle au service des ressources humaines et de la formation. Nous souhaitions notamment comprendre pourquoi la réalité virtuelle pouvait être un outil plus qu’adapté pour la formation aux soft skills. Afin d’approfondir ce sujet et de permettre les retours d’expériences, nous avons reçu Bertrand Wolff, Co-fondateur du Pavillon, Florian Truffier, Chef de Projet Digital à Pôle emploi, Emmanuel Bourcet, CEO chez D’un seul geste, Brice Agnès, CEO et co-fondateur de Tikaway et Ivry Mishal, Directeur général chez Digital & Human. Vincent Montet, le Vice-Président de l’Acsel et CDO de l’EFAP animait la matinée.

 

Les spécificités de la réalité virtuelle

 

Le Pavillon est un lieu unique à Paris, dédié aux technologies immersives pour les entreprises. Betrand Wolff, son co-fondateur, explique en quoi la réalité virtuelle est une solution technologique à part. « Lorsqu’on immerge les gens dans un environnement virtuel comme une fine planche au-dessus du vide sur laquelle il faut faire quelques pas, la moitié des gens n’y arrive pas. Cela est dû à l’illusion de la non-médiation qui fait que le cerveau n’arrive pas à distinguer que l’environnement qu’il perçoit n’est pas réel mais virtuel. »

Selon une étude du cabinet PwC (juin 2018), en 2022 il y aura plus de masques de réalité virtuelle dans les foyers américains que d’abonnés à Netflix.  Mais les particuliers ne sont pas les seuls à succomber à cette tendance, beaucoup d’entreprises s’y intéressent de près et notamment dans le domaine des ressources humaines. L’entreprise Walmart fait partie des plus avancées dans le domaine, comme le raconte Bertrand Wolff : « Ils ont déjà déployé 17 000 caques Oculus Go pour former un million d’employés en réalité virtuelle. Il existe 45 formations différentes dans chaque masque. Parmi elles, il y en a même une dédiée au Black Friday qui simule les conditions de forte affluence de cette journée. Lors de l’évaluation en fin de formation, les employés qui ont été formés en VR ont dans 70% des cas de meilleures notes. Leur satisfaction est aussi 30% plus élevée que celle de ceux formés sans la réalité virtuelle. »

 

Quels cas d’usage pour des formations en réalité virtuelle ?

 

Parmi les cas d’usage en ressources humaines, on peut citer la découverte d’un métier en vivant en immersion le quotidien d’une personne qui le fait, la préparation aux entretiens d’embauche avec des simulations pour s’entraîner, la formation à différents domaines comme la cybersécurité ou encore la prise de parole. Enfin, il existe aussi des modules de sensibilisation à des thématiques spécifiques comme le harcèlement au travail.

Dans les formations classiques, il manque parfois la dimension de la mise en situation quand elle est problématique à réaliser. Cela peut être le cas quand elle est dangereuse ou quand elle requiert beaucoup de monde. Ivry Mishal, le Directeur général de Digital & Human, a bien perçu cela et a voulu combler cette lacune avec ses formations à la prise de parole Do You Speak VR.  Celles-ci permettent de s’habituer à s’exprimer devant une audience de plus ou moins grande taille. « Notre outil permet de rendre le public vivant, le formateur peut décider de modifier les réactions de celui-ci selon ce qu’il veut faire travailler chez la personne qui se forme. On peut imaginer des mises en situation très différentes comme par exemple un dialogue avec des syndicalistes pour un responsable des relations sociales. »

Pôle emploi a bien compris l’intérêt des technologies immersives dans l’aide à la recherche d’emploi et notamment pour la préparation aux entretiens d’embauche. L’établissement public a donc développé une application mobile qui permet de se former comme face à un véritable recruteur. Florian Truffier, Chef de Projet Digital pour Pôle emploi explique : « Quand on parle de digital, certaines personnes pensent tout de suite aux suppressions de poste et le perçoivent très négativement. Au contraire, le digital peut être un formidable outil pour développer ses compétences et démocratiser l’accès à la formation. La réalité virtuelle permet de se former dans des zones où il n’y a parfois pas les infrastructures classiques de formation ». L’application mobile en question est disponible en ligne gratuitement.

Lorsque l’on pense aux formations au travail, on pense surtout aux compétences métiers ou aux soft skills. Pourtant, des compétences telles que la maîtrise des gestes de premiers de secours ont aussi énormément de valeur en milieu professionnel. Emmanuel Bourcet, le CEO de D’un seul geste le rappelle : « Un tiers des personnes qui font un arrêt cardiaque le font sur leur lieu de travail. Le taux de survie en France est de seulement 5% en France contre 20% aux Etats-Unis et 40% en Norvège. Ce taux est corrélé au taux de formation aux premiers secours qui est de 20% en France contre 80% en Allemagne ou en Norvège. Ces compétences sont un véritable enjeu de santé publique qui si elles étaient plus répandues permettraient de sauver 20 000 vies chaque année dans notre pays. »

Ces formations durent traditionnellement un ou deux jours et il est complexe pour les services de ressources humaines de mobiliser si longtemps les effectifs pour des compétences sans apport immédiat pour l’entreprise. Grâce à la réalité virtuelle, il est possible de réduire la durée de la formation de deux jours à une heure et ce directement dans les locaux de l’entreprise avec très peu de matériel. Le casque de réalité virtuelle ne remplace cependant pas l’humain et un formateur reste présent sur place pour encadrer les employés et corriger les postures avec la solution déployée par D’un seul geste.

Emmanuel Bourcet affirme que la mémorisation est même meilleure avec ces nouveaux outils : « Quand on fait une formation classique on retient 15 à 20% de ce qu’on voit et écoute. Avec la réalité virtuelle, c’est la zone des émotions qui mémorise, avec un ancrage qui est plus profond. »

 

Quels freins dans le déploiement d’un service en réalité virtuelle ?

 

Cependant, certains freins peuvent entraver le déploiement d’un service en réalité virtuelle. Selon une étude de SuperData, 52% de professionnels du secteur pensent que la technologie ne décolle pas à cause du coût prohibitif des casques. Il peut aussi y avoir une appréhension de la part des utilisateurs qui ont peur d’avoir la nausée. Florian Truffier, Chef de projet digital chez Pôle emploi raconte : « Nous avons dû faire une note de synthèse de prévention des risques avant le déploiement du service en réalité virtuelle. Pourtant, au final, personne n’a vomi. Les conseillers pensaient aussi que les demandeurs d’emploi ne se serviraient pas forcément de cet outil, que c’était « un truc de geeks ». » Mais l’expérience a finalement été un succès. Preuve en est que ces freins sont loin d’être insurmontables.

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