Interview de Sylvie Nourry, Directrice Innovation et Expérimentations chez Up Group

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Temps de lecture : 3 minutes

Quelle opportunité représente la digitalisation pour le groupe Up ?


Avec la digitalisation de toute l’économie, le modèle économique de groupe Up est à réinventer. Nous passons de la production de titres de paiement (le plus connu reste le Chèque Déjeuner) au format papier à une plateforme numérique de paiement. C’est une formidable opportunité.

Grâce à la digitalisation, nous avons accès directement à nos 25 millions de bénéficiaires à qui l’on peut proposer des choses très finement. Auparavant, nous étions surtout en relation avec les entreprises. Désormais, nous connaissons chacun des collaborateurs de celles-ci. Il nous faut inventer des parcours utilisateurs dans lesquels le moyen de paiement devient invisible voire même indolore. La digitalisation nous permet de proposer des offres intégrées adaptées aux besoins de nos clients et bénéficiaires.

L’innovation est donc au cœur de cette transformation de nos activités, par l’implication de nos collaborateurs, le co-développement avec nos clients et l’open innovation avec nos start-up partenaires.

Vous dites être à 40% de digitalisation de vos activités, l’objectif est-il à terme d’atteindre une transformation à 100% ?

Nous allons avant tout anticiper et suivre les nouveaux usages que permet la digitalisation. Dans les pays passés à la digitalisation, nous sommes proche des 100% de digitalisation de notre activité historique. Il nous est difficile de dire quand notre transformation sera complète car tout dépend des pays dans lesquels nous sommes présents, et donc des habitudes des bénéficiaires. Mais le numérique est une tendance de fond à l’échelle internationale, notamment dans les 17 pays où nous sommes présents.

Comment avez-vous accompagné vos collaborateurs dans cette transformation ?

Effectivement notre transformation n’est pas possible sans nos collaborateurs : ils seraient beaucoup plus inquiets si on ne bougeait pas, d’autant plus que nos salariés ont en moyenne 37 ans et ont donc déjà une forte habitude du numérique dans leur vie privée !
Par ailleurs, notre entreprise par son statut de société coopérative et participative propose un modèle de développement économique différent, du coup, pour impliquer nos collaborateurs, c’est plus simple. Il s’agit plus de leur faire comprendre les axes choisis par l’entreprise et de les faire participer concrètement à la dynamique d’innovation de l’entreprise.

Pour cela, nous organisons régulièrement des conférences ou des rencontres avec des startups. Les salariés peuvent y participer sur le principe d’un échange ouvert.

Nous avons aussi lancé des challenges internes pour réfléchir sur nos produits ou services. Nous les incitons à candidater par équipe. Puis nous sélectionnons les projets les plus percutants et réunissons les personnes pendant 2/3 jours pour les faire travailler en mode startup.  A la fin ils présentent leurs idées devant le Comité Exécutif qui choisit le projet le plus intéressant et s’engage à le développer ensuite.

Pouvez-vous me donner un exemple d’innovation qui est né de la collaboration avec une startup (en open innovation) ?

Aujourd’hui, pour innover, nous nous appuyons sur des partenaires car il est difficile de se lancer seul étant donné la vitesse à laquelle le monde de se transforme. Et notre démarche d’innovation se doit d’être permanente. Pour cela, nous travaillons depuis maintenant deux ans avec des startups en open innovation.
Nous avons par exemple un partenariat avec la startup « IFeelgoods » qui propose des récompenses digitales comme des forfaits ITunes ou des films à télécharger. De notre côté, nous proposons des services de récompenses papier, des cartes cadeaux ou encore des catalogues de cadeaux. Nous avons monté un partenariat avec IFeelgoods pour compléter notre catalogue.
Notre manière de travailler avec les startups est très variée. Cela peut être un projet en marque blanche, un partenariat commercial, de la sous-traitance, de l’investissement ou encore une acquisition. La panoplie des modes de collaboration avec les startups est donc très large.

Pouvez-vous me parler d’un projet très innovant lancé récemment ?

Un exemple me vient à l’esprit même si ce n’est qu’un des projets innovants parmi d’autres. En Turquie, en 2016, nous avons lancé une offre en partenariat avec Shell. Nous avons intégré des objets connectés dans les voitures pour que chaque véhicule passant à la pompe à essence soit automatiquement identifié et que le paiement puisse ainsi être comptabilisé directement.

Avec la transformation digitale, nous sommes dans une bataille du plus rapide contre le moins rapide. Il faut donc accélérer et nous le faisons grâce à l’innovation ouverte. La digitalisation, sous réserve d’être en capacité d’accélérer, doit nous permettre de répondre à notre mission de connecter les individus, les entreprises et les territoires en développant des plateformes de gestion et de transactions, et ce, tout en gardant notre ADN.

Constance Guyon 

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