Comment l’intelligence artificielle peut-elle se mettre au service de la croissance de l’emploi en France ?

@ReinventWork, Article

Temps de lecture : 3 minutes

Le cycle #ReinventWork s’interroge sur le futur du travail et l’impact des nouvelles technologies sur celui-ci. Le 27 novembre 2018, l’Acsel a organisé, en partenariat avec Talentsoft, un événement dédié à l’intelligence artificielle et à l’emploi. L’introduction de l’IA dans les outils des ressources humaines et notamment pour le recrutement et la gestion des compétences est aujourd’hui une réalité.  Cependant, comme ces outils s’appliquent à l’humain, il convient de les manipuler avec précaution pour s’assurer d’une utilisation vertueuse de ces derniers.

 

Des compétences qui se renouvellent très vite et une valorisation des soft skills

 

Nous sommes entrés dans une économie de la compétence selon Vincent Lebunetel, Co-fondateur de Boost.rs, plateforme qui se présente comme un coach digital de carrière. Nous travaillons désormais de plus en plus en mode projet et il est parfois difficile d’identifier les bonnes personnes avec les compétences adéquates à l’instant T. C’est là que l’intelligence artificielle et la technologie peuvent intervenir pour aider à mieux cibler les profils recherchés. Vincent Lebunetel constate également une réduction de la durée de vie des compétences. “Nous avons désormais besoin de nous former en continu. La durée de vie moyenne d’une compétence est de cinq ans. Sachant que cela peut même être de 12 à 18 mois dans certains métiers IT.

Ce bouleversement du monde du travail a également un impact sur les compétences les plus recherchées aujourd’hui. Diane Rivière, DRH France du groupe Adecco l’explique : “Même si l’intelligence artificielle se substitue à certains métiers, notamment pour des tâches simples, on aperçoit les premiers signaux sur le marché de l’emploi d’une revalorisation d’autres compétences. Ce sont par exemple les différentes formes d’intelligence émotionnelle et les qualités relationnelles. Les métiers du soin, de l’accompagnement, de la relation vont être de plus en plus valorisés, et l’on sera prêt à payer plus pour ces qualités.

David Dias, Global Client Director de LinkedIn France, fait le même constat : “Selon une étude LinkedIn, 73% des entreprises pensent qu’il est critique d’attirer des personnes avec les soft-skills suivantes : leadership, collaboration et communication orale.” C’est pour aller dans le sens de cet apprentissage permanent que LinkedIn a décidé d’acquérir la plateforme Linda qui permet à ses utilisateurs de se former en ligne à différents sujets comme les soft skills avec 15 000 cours dédiés.

 

Le tandem intelligence artificielle et humain en plein essor pour aider les candidats

 

L’intelligence artificielle permet aussi d’accéder au marché caché de l’emploi. C’est le pari lancé par la Bonne Boîte, une initiative de Pôle Emploi qui arrive à détecter les entreprises à fort potentiel de recrutement grâce à des algorithmes et à les proposer aux candidats qui cherchent à envoyer des candidatures spontanées. Le taux de fiabilité de ces algorithmes est de 70 à 80% et aujourd’hui, c’est le deuxième service le plus plébiscité de Pôle Emploi après la recherche d’emplois.

Ce type de services ne vient cependant qu’en complément de l’humain et le credo de Pôle Emploi reste le suivant comme le rappelle Stéphane Frere, Responsable Open Innovation à Pôle Emploi : “Avec le digital on va plus vite, avec les conseillers, on va plus loin.” David Dias fait état du même son de cloche chez LinkedIn qui vient de lancer une plateforme de Career Advice. Celle-ci permet à chacun de solliciter les conseils et le partage d’expérience d’un mentor. Même si l’intelligence artificielle est présente pour affiner les suggestions de contenus par exemple, l’humain reste au coeur du réseau social.

Enfin selon Vincent Lebunetel, l’intelligence artificielle permet de faire émerger des profils qui n’auraient pas forcément été sélectionnés par des recruteurs mais redonne ensuite les clés aux humains. Car in fine, lors du recrutement, le choix final est pris par un humain.

 

Un constat rassurant sur l’intelligence artificielle et l’emploi

 

Face à la menace de l’automatisation de nombreux métiers, le constat n’est pas si sombre qu’il n’y paraît. Tout d’abord, ce seront principalement les tâches les plus rébarbatives qui seront automatisées, très peu d’emplois disparaîtront entièrement. Comme l’explique Alexandre Pachulski, Co-fondateur et Chief Product Officer de Talentsoft : « seuls 5% des emplois vont être entièrement automatisés dans le futur et un tiers le seront à 60%.« 

De plus, l’intelligence artificielle, si elle est bien utilisée, permettra aussi de donner de nouveaux outils aux candidats pour postuler plus efficacement et continuer à se former aux bonnes compétences tout au long de leurs carrières. C’est donc un message relativement optimiste sur le rôle de l’intelligence artificielle dans le futur de l’emploi et de l’employabilité qui ressort de cette table-ronde.

 

 

Par Constance Guyon

Abonnez-vous à notre newsletter

Recevez l'actualité de L'ACSEL.

Merci et à très vite.