Retours sur notre matinée du 12 novembre 2019 dédiée à la Legal Tech

@Juridique, Article

Temps de lecture : 3 minutes

Le 12 novembre se tenait une matinée 100% Legal Tech organisée par le Club juridique de l’Acsel au sein du cabinet d’avocats Racine. 

En introduction de cette matinée, Anthony Bichelonne, Fondateur de ma Belle Parcelle et avocat chez Racine Lyon nous a fait un retour d’expérience sur son parcours d’avocat fondateur de Legal Tech. Lors de la première table-ronde, nous avons eu le plaisir de recevoir :

 

  • Benjamin Moutte, Directeur des affaires juridiques et règlementaires de Rakuten France
  • Clémence Arto, VP Legal & Public Policy de Doctrine
  • Geoffrey Delcroix, Senior Legal innovation manager, Ubisoft
  • Mathieu Davy, Avocat Associé fondateur de l’association Avotech qui regroupe les avocats créateurs de Legal Techs

 

Le débat du jour « Les Legal Tech sont-elles légales ? » était animé par Nicolas Herbreteau, Directeur des relations institutionnelles de Edenred France, Co-président de la commission juridique de l’Acsel.

« Le marché de la Legal Tech est en pleine ébullition avec des initiatives aussi variées qu’innovantes » comme l’a rappelé Nicolas Herbreteau pour ouvrir le débat. « Le sujet n’est pas classique, il touche au plus profond de la nature du droit. Il permet d’allier à la fois une vision rétrospective sur ce qui fonctionne ou non avec une vision prospective où l’on peut entrevoir quelle sera la pratique du droit demain avec la justice prédictive voire même le rôle de l’avocat du futur. Quelle part de juridique, quelle part de technologique faut-il mettre dans ces nouvelles structures ? »

Doctrine est une plateforme de collecte d’informations juridiques de toutes formes (la loi, les règlements, les avis, les contentieux). Comme l’explique Clémence Arto, « il y a une véritable inflation législative dans le domaine juridique. Doctrine permet donc d’agréger une masse importante d‘informations pour rendre la recherche juridique plus aisée et accessible, soit via une barre de recherche comme celle de Google soit via une forme de veille plus pointue. » 80% des clients sont des avocats mais il y a aussi quelques juristes d’entreprise qui utilisent la plateforme.

L’idée est de donner aux clients une plus grande certitude lorsqu’ils répondent à des questions juridiques et aussi de leur permettre de passer donc plus de temps sur leur valeur ajoutée de conseil plutôt que sur de la recherche juridique en tant que telle. « Nous mettons une décision juridique en ligne dans les 24 heures qui suivent sa parution » ajoute Clémence Arto. Aujourd’hui, la matière du droit n’est pas accessible en intégralité, il y a un véritable combat à mener en faveur de l’open data. Pour cela, il y a besoin d’anonymiser les décisions grâce à des technologies de pointe. La spécificité de Doctrine est qu’il y a une très forte hybridation entre le juridique et la tech, la Legal Tech a d’ailleurs été fondée par trois personnes : un juriste, un ingénieur et un mathématicien. Selon Clémence Arto : « La France a de grands atouts pour devenir leader dans le domaine de la Legal Tech, nous avons une grande tradition juridique et d’excellents mathématiciens. »

Après avoir découvert la vision d’une Legal Tech, intéressons-nous à leurs clients car ce sont peut-être eux qui en parlent le mieux.

Rakuten France a fait le choix de travailler en partenariat avec la start-up HyperLex. Cette solution en mode Saas gère la rédaction des contrats avec des injections d’intelligence artificielle. Rakuten France est le premier client de cette Legal Tech. « Chez HyperLex, il y a également de nombreux collaborateurs qui ont une formation en droit. Ils comprennent donc mieux les problématiques de leurs clients. » explique Benjamin Moutte, Directeur des affaires juridiques et réglementaires de Rakuten France. Leur futur développement est de permettre la négociation des contrats pour faire gagner du temps avec des outils plus performants que le « Document Word en mode corrections apparentes. »

Mais Legal Tech et prestataires ne sont pas toujours séparés, intéressons-nous aux entreprises qui ont disrupté en interne leur département juridique.

C’est notamment le cas chez Ubisoft où le poste de Senior Legal Innovation Manager a été mis en place. Geoffrey Delcroix, qui incarne ce nouveau rôle, explique que le principal avantage de ce système est d’intégrer l’innovation au cœur de la direction juridique. « L’équipe juridique avait besoin d’évoluer mais nous n’avions pas envie de dépendre de prestataires externes. Notre objectif n’est pas de tout faire seuls. Nous avons une volonté d’ownership des innovations juridiques. C’est aussi aligné avec les valeurs de notre entreprise qui est très tech et créative. » Au sein de ce département juridique, on retrouve des juristes de formation qui parlent entre eux d’intelligence artificielle, d’algorithmes, de parcours clients, d’UX etc. Cette situation reste cependant encore très rare dans les départements juridiques.

Pour clore ce tour d’horizon, prenons maintenant un peu de hauteur avec une approche panoramique du sujet.

Mathieu Davy est avocat et le fondateur d’Avotech, une association qui regroupe des avocats fondateurs de Legal Tech. Il a lui-même lancé sa propre Legal Tech qui s’appelle Callalawyer.fr. Le but de l’association est de permettre aux avocats de comparer les différentes solutions et de s’aider entre confrères. Comme l’expliquait Anthony Bichelonne, fondateur de Ma Belle Parcelle : “Les avocats sont très peu formés à l’entrepreneuriat et aux outils numériques. Désormais, certains barreaux proposent des incubateurs avec ce type de formations pour accompagner les avocats.” Le partage entre pairs permet également de s’acculturer aux bonnes pratiques.

Le principal atout des Legal Tech de ce réseau est d’avoir été fondées par des professionnels du droit qui connaissent parfaitement les règles juridiques. Aujourd’hui, il y a près de 200 Legal Tech en France contre 850 au total dans le monde. « Notre pays est au deuxième rang mondial en termes de création de valeur pour la Legal Tech après les USA. » note Mathieu Davy.

Le marché devrait probablement aller vers des concentrations dans les années venir pour obtenir des structures de taille critique qui permettent de créer le Netflix du droit de demain, qui sera peut-être français ?

 

 

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