Des drones volent au secours des transports médicaux de l’AP-HP
Le 16 mai 2019, lors de VivaTech dont l’Acsel est partenaire, nous avons pu assister à la conférence “Le futur de l’hôpital : comment l’AP-HP utilise les drones pour la livraison d’échantillons médicaux.”
Avancement technologique et contexte réglementaire autour des drones
Les drones explosent depuis bientôt dix ans dans le civil et dans l’industrie. Ceux-ci sont moins chers que les avions et les hélicoptères et permettent également une très bonne captation de données géographiques. Dans certaines situations, comme pour inspecter un pont par exemple, ils évitent de mettre en danger des hommes. “Pour utiliser un drone, il faut néanmoins des autorisations réglementaires et un pilote formé à cela. L’entreprise Azur Drones a développé un drone autonome capable de réaliser des missions seul. Une de ses applications est la livraison de matériel médical.” comme l’explique Lucie Lecestre, Directrice Marketing d’Azur Drones.
Bernard Giry, le Conseiller Numérique de la région Ile-de-France, partage pour sa part que plus de 100 000 emplois dépendent de cette filière. Et de nouvelles perspectives sont en train de se créer avec les Jeux Olympiques de Paris 2024. Le drone fait partie de la feuille de route innovation de la région, notamment pour les enjeux de livraison du dernier kilomètre ou encore pour décongestionner le trafic automobile.
La réglementation pourtant ne facilite pas la diffusion du drone. Il faut avant tout assurer la sécurité des personnes et bien définir les cas d’usages afin de favoriser l’acceptation sociale de leur déploiement. Cependant, comme le rajoute Bernard Giry : “Les hélicoptères ont des dérogations particulières pour voler au-dessus des villes notamment pour des missions de santé, on peut espérer la même chose pour les drones.”
L’enjeu vital de la modernisation de l’hôpital
Olivier Savin est le directeur des systèmes d’information des hôpitaux universitaires Paris-Nord. Il nous explique qu’un nouvel hôpital universitaire va être construit vers Saint-Ouen avec beaucoup d’innovations technologiques en son sein. Cela génère des réflexions sur l’hôpital du futur et notamment sur les drones pour améliorer le transport de marchandises entre les différentes structures de l’Assistance publique-hôpitaux de Paris (AP-HP). Cette dernière a d’ailleurs fait le choix de travailler avec Atos depuis bientôt un an et demi dans ce cadre. Olivier Savin nous raconte : “Aujourd’hui, 70 à 90 % des courses intra AP-HP sont des prélèvements biologiques qui sont analysés ailleurs ou alors des transports de médicaments particuliers comme pour les chimiothérapies. Il existe aussi des prélèvements d’organes réalisés pendant des opérations et pour lesquels on doit obtenir une analyse dans une urgence extrême. Nous utilisons pour cela des coursiers en voitures ou scooters. Pouvons-nous faire mieux et plus vite ? La réponse est oui. Il y a par contre des contraintes réglementaires et météorologiques avec les drones. Ils seraient donc une solution parmi d’autres mais pas le seul mode de transport envisagé par l’AP-HP.”
L’établissement public de santé a d’ailleurs réalisé une analyse économique et constaté qu’il était plus intéressant de mettre en place une ligne de drones que d’utiliser des coursiers. Cela coûterait moins cher à la collectivité et serait plus rapide. Actuellement, la mise en place de 12 rotations de drones sur dans la journée entre les différents hôpitaux serait prévue avec comme enjeu également de réunifier le territoire. On sait en effet précise Bernard Giry que : “Les hôpitaux parisiens avec les meilleures réputations sont dans le centre de la capitale et non au-delà du périphérique.”
Des perspectives à court terme
Lucie Lecestre d’Azur Drones confirme que le déploiement n’est pas dans un futur si éloigné que cela : “En février 2019, nous avons reçu la première autorisation pour faire voler des drones autonomes, pour le moment dans des zones privées. Une réglementation européenne à ce sujet est prévue pour l’an prochain. L’avantage de la livraison médicale, c’est qu’il y aura des routes définies. La DGAC (Direction Générale de l’Aviation Civile) est ouverte à ce type de discussions tant que cela ne passe pas au-dessus d’autoroutes ou de zones fortement peuplées.”
Olivier Savin abonde dans son sens : “On émet moins de CO2 avec des drones électriques qu’avec des coursiers. Par ailleurs, aux Etats-Unis, il y a déjà eu un transfert de rein réalisé par l’intermédiaire de drones. Ce n’est plus de la science-fiction. Tout nous incite à dire qu’il faut expérimenter maintenant. Et il y a d’ores et déjà de nouveaux métiers à prévoir pour le contrôle et la logistique de cette filière. L’absolue nécessité du moment est de contractualiser. C’est ce que nous cherchons à faire avec Atos et la Région Ile-de-France.”
L’Hôpital de Saint-Ouen est prévu à l’horizon 2027 mais peut-être verrons-nous prochainement passer des drones à usage médical au dessus de la capitale dans le cadre de ce projet.
Par Constance Guyon