Comment la Belgique est allée plus loin que la carte d’identité électronique ?
Le 7 mars dernier, l’ACSEL a organisé une matinée dans le cadre de la commission confiance sur le thème suivant : “Identités numériques : quels modes d’identification numérique pour quels types d’usages, existants et nouveaux ?”. L’association travaille par ailleurs sur ce sujet dans le cadre de la mission interministérielle sur la mise en place de solutions d’identité numérique sécurisée. Lors de cette matinée, nous sommes revenus sur l’exemple belge.
La Belgique, de la carte d’identité électronique au service Itsme
La Belgique a été en avance sur le sujet de la carte d’identité électronique puisque le pays l’a déployée dès 2002. Pour 25 euros, chaque citoyen belge peut attester de son identité via ce biais. Mais son utilisation a été freinée par la nécessité de lire la carte d’identité électronique avec un terminal spécifique adapté qui fait souvent défaut. Le pays a donc décidé de passer à l’étape supérieure avec l’identité numérique et Itsme.
Itsme est un consortium des principales banques et opérateurs mobiles de Belgique qui se sont unis pour créer une référence nationale d’identité mobile et de vie privée en ligne. Il compte parmi ses membres Befius, Bnp Paribas Fortis, ING, KBC, Proximus et Orange. Grâce à cette identité numérique disponible via l’application Itsme, il est possible pour la population belge de s’authentifier directement en ligne pour de nombreux services : des banques en ligne, au gouvernement en passant par la santé. En à peine 18 mois, Itsme a reçu de nombreuses certifications comme eIDAS ou l’accréditation du gouvernement belge. Grâce à cette nouvelle solution, plus besoin de lecteur de carte spécifique, il suffit d’un simple smartphone.
Comme l’explique Sylvie Vandevelde, Head of Marketing & Communication du groupe Itsme, qui est intervenue lors de la matinée Acsel du 7 mars dernier sur l’identité numérique : “Pour connaître un tel succès, il a d’abord fallu réunir différents acteurs et réussir à faire converger intérêts publics et privés. Il a aussi fallu faire évoluer le cadre juridique afin d’assurer le respect de la vie privée et des impératifs de sécurité. Enfin, arriver à une identité numérique simple pour l’utilisateur, sûre et universelle a demandé beaucoup d’allers-retours techniques.”
L’implication de grandes banques ayant d’importants volumes de transactions a été cruciale pour permettre à Itsme de se développer et de devenir rapidement un standard du marché de l’authentification numérique.
“Sur le sujet de l’identification numérique et de la standardisation, l’Europe ouvre la voie. Le reste du monde s’inspire de la certification eIDAS par exemple. L’arrivée du RGPD permet aussi de définir des règles claires pour la protection des données et le respect de la vie privée dans les communications électroniques ce qui est un avantage pour la communauté européenne.” ajoute Sylvie Vandevelde.
Itsme, fonctionnement et modèle économique
Pour s’authentifier sur Itsme, il faut une carte Sim, un numéro de téléphone mobile, un code personnel à 5 chiffres ou une empreinte digitale. Il est ensuite possible d’utiliser cette identité numérique pour effectuer des achats en ligne, pour postuler à un emploi, pour se connecter à l’internet des objets ou encore pour partager sans danger des informations confidentielles.
Au niveau du modèle économique, les fournisseurs de confiance sont rémunérés quand ils apportent une identité dans le système. Les providers paient le service selon le nombre d’utilisateurs, les services utilisés et l’intensité d’utilisation. Par exemple, les assureurs ont une intensité plus faible que les banques car on a tendance à y avoir moins souvent recours. Dans tous les cas, l’outil est gratuit pour l’utilisateur.
Constance Guyon