Reinventwork : Le digital comme levier concret de développement
Rappelez vous : nous abordions dans un premier article les axes de réflexion proposés par des professionnels des ressources humaines à propos de la mission en entreprise, lors du dernier volet de l’événement Reinventwork. Chez Numa Paris, ce rendez-vous a permis de dégager des idées, mais aussi des moyens et des leviers concrets de développement à appliquer en entreprise.
Vous l’avez compris : digitaliser ses pratiques n’est pas la solution miracle si l’on veut réinventer son activité, et surtout la façon de l’exercer. Il convient en premier lieu d’inspirer ses collaborateurs autour d’un projet, d’une mission commune. Pour atteindre cet objectif, Elsa Groschaus témoigne de la politique d’intégration de Welcome To The Jungle, start-up média spécialisée dans la communication interne. Pour la responsable du développement, il est impératif de concevoir des processus d’intégration innovant, et qui impliquent l’ensemble des collaborateurs à travers des outils digitaux, mais aussi et surtout des compétences relationnelles.
Même son de cloche au groupe La Poste : pour Muriel Barnéoud, Directrice de l’Engagement Sociétal, “il y a un problème de sens et d’authenticité s’il n’y pas d’alignement entre la mission d’entreprise et les missions conduites par les salariés”.
Les stratégies de demain pour les entreprises
Il est donc capital de porter l’entreprise vers un modèle adaptable où les employés s’y retrouvent. En poursuivant sur l’exemple des facteurs apporté par Muriel Barnéoud, qui rappelle l’importance sociétale de ce corps de métier, une tâche professionnelle peut aller bien au delà de la rentabilité : un facteur distribue le courrier, mais veille également à créer du lien social envers les plus isolés ou les âgés d’entre nous. En atteste la mise en route d’un récent service à la personne, intitulé “Veiller sur mes parents” qui comprend des visites régulières de la part du facteur à un proche sujet à l’isolement social. Car dans une société qui vieillit et qui s’étire géographiquement, loin parfois des zones urbaines et périurbaines, l’essentiel est de conserver un service de qualité en s’adaptant aux changements d’habitudes de consommation.
Mettre concrètement les valeurs de l’entreprise en adéquation avec son business
Du côté d’Edenred, spécialisé dans les solutions transactionnelles au service des entreprises, des salariés et des commerçants, un audit interne en 2017 identifie les principes à valoriser pour inclure les salariés dans une culture d’entreprise repensée. Respect, simplicité, esprit entrepreneurial, et satisfaction client : tels sont les nouveaux mantras promulgués par l’entreprise, qui s’accompagnent d’une réorganisation de marque largement axée sur le digital.
Mettre en avant des valeurs communes, c’est aussi les appliquer à des causes communes : éthique des affaires, sécurité des données, mais aussi le changement climatique et la promotion d’une alimentation plus équilibrée sur le lieu de travail. Dès lors, comment ces missions se reflètent sur l’activité de l’entreprise ?
Avec 78% de solutions digitalisées, Edenred utilise le numérique comme fer de lance d’une stratégie de simplification des process des systèmes de paiement. Aux Émirats Arabes Unis, l’entreprise fournit des “cartes salaires” pour sécuriser les indemnités des travailleurs précaires tandis qu’au Brésil, les routiers indépendants disposent d’une carte de gestion de frais professionnels qui permet également la confirmation du versement du salaire aux employés. Des solutions qui apportent de la valeur économique, mais aussi humaine. Victor Génin-Gerbet, directeur RSE – Edenred
Le digital et la mission : une panacée universelle ?
Qui dit numérique, peut aussi dire fracture : l’exclusion de certaines strates sociales, comme les plus âgés ou les plus isolés géographiquement, est un phénomène qui tendra à progresser si les entreprises ne prennent pas leurs responsabilités en matière d’engagement sociétal.
La Poste propose pour cela un triptyque cognitif : une vision, un sens et une offre. Avec son service Ardoiz, le groupe de distribution met à contribution des tablettes associant un ensemble de fonctionnalités généralistes à l’attention des séniors. Cet équipement permet aux utilisateurs d’appréhender le numérique à leur rythme, sans politique de rétention de données personnelles, tout en ayant accès à des services de bases pour faciliter le quotidien.
Mais la fracture du numérique n’est pas à réduire seulement au niveau de la clientèle, cela passe aussi au niveau de l’entreprise. Ainsi, “on ne peut pas faire table rase des collaborateurs qui n’ont pas acquis les compétences et les business models les plus récents mis à jour” souligne Pierre Auger, chef de produit marketing chez Microsoft. La formation en interne reste alors une alternative, mais peut être lourde à mettre en place selon le type d’organisation. À moins de s’en donner les moyens : pour cette nouvelle année fiscale, la branche française du géant de l’informatique compte bien nommer un Chief Learning Officer, afin d’encadrer la formation des employés et des managers du groupe.
Une journée par mois, on interdit les réunions interservices et on interdit les mails : si je dois voir un de mes collaborateurs, je l’appelle et on se voit en physique. C’est notamment une journée dédiée à la formation : grâce à l’intégration des salariés via LinkedIn, on a tous accès à un catalogue de formation très divers. – Pierre Auger, chef de produit marketing – Microsoft
La prise d’initiative est indispensable pour mener une politique d’intégration à bien. Et pour y parvenir, il faut savoir cultiver une culture…de l’échec. En effet, si un essai s’avère peu concluant, cela reste toujours un exemple concret sur lequel les entreprises doivent s’appuyer pour perfectionner leurs process de recrutement, et aboutir à des solutions toujours plus viables.
Dans le cadre d’une embauche, environ 4 à 5% des candidats à un poste le quitte au bout d’une journée, la faute à une première expérience désastreuse. Chez Welcome To The Jungle, quand quelqu’un arrive, elle ou il reçoit une “box” de bienvenue et rencontre l’ensemble des collaborateurs de tous les pôles et est associé(e) à leurs activités pendant trois mois. Elsa Groschaus, responsable de développement – Welcome To The Jungle
Le cas pratique : la MAIF, assureur social militant
Multiples sont les manières de repenser l’entreprise. Pour la MAIF, cette problématique passe par l’ouverture d’un espace entièrement dédié à l’échange collaboratif.
Prenant place dans le quartier du Marais, le MAIF Social Club propose de nombreux services autour de l’apprentissage collectif et de l’innovation sociétale, mais offre aussi un lieu privilégié pour les expositions artistiques et les événements professionnels. Dans cet environnement hybride, tenant aussi bien de la bibliothèque que du forum, en passant par la galerie d’art, la société d’assurance mutuelle entend bien développer cette surface de contact ouverte à tous.
Retrouvez tous nos intervenants et du contenu exclusif sur cet événement Reinventwork sur notre chaîne Youtube !
Loïs Aisa