Primaire de la droite et du centre : les entrepreneurs attendent des engagements
L’ACSEL, CroissancePlus, France Biotech, France Digitale et le METI, : nos cinq associations d’entrepreneurs de croissance et des territoires ont fait le choix de se rassembler pour organiser « Les Primaires de l’économie » afin de mettre l’économie au cœur de la campagne présidentielle à droite comme à gauche. Face au défi du chômage de masse et tout particulièrement du chômage des jeunes qui déstructure notre société, la première des réponses est immanquablement économique. Le 27 septembre dernier, notre première session était ouverte aux candidats officiels de la primaire de la droite et du centre.
Devant 700 entrepreneurs, tous les candidats se sont prêtés à l’exercice avec beaucoup de pédagogie. Après avoir présenté leur programme économique, tous ont pris le temps de débattre des 10 propositions de notre « Agenda Plein emploi ».
Ces 10 propositions que nous portons collectivement dans le débat de l’élection présidentielle sont décisives pour changer véritablement la donne, pour remettre la France dans la course en libérant l’innovation, le travail et l’investissement productif, au service de la croissance et de la montée en gamme du tissu économique français.
Les candidats n’ont pas manqué de marquer leur adhésion à notre démarche. Ainsi, Jean-François Copé s’est dit très favorable à l’élargissement du Crédit-impôt recherche (CIR) aux investissements numériques ; François Fillon veut refondre la fiscalité du capital autour d’une flat tax à 30% ; Alain Juppé s’est engagé sur un contrat fiscal pour 5 ans ; Nathalie Kosciusko-Morizet a repris l’idée de créer un véritable statut du travailleur indépendant ; Bruno Le Maire a de son côté proposé un nouveau contrat de travail « agile » ; Enfin, Nicolas Sarkozy veut aligner la fiscalité des entreprises sur la moyenne européenne.
Pour autant, aucun des candidats n’a véritablement endossé l’ensemble de nos propositions. C’est pourtant le bloc qu’elles forment ensemble qui aura, nous en sommes convaincus, un effet réel d’entraînement sur la transformation de notre économie et la relance de l’emploi.
A l’heure du premier grand débat télévisé de cette Primaire qui portera justement sur l’économie, plusieurs interrogations et angles morts subsistent.
Le premier concerne le coût du travail. Tous les candidats ont conscience de l’importance de réduire fortement le coût du travail pour le rapprocher, enfin, de celui pratiqué chez nos grands voisins européens. Mais les baisses qu’ils proposent sont, dans la plupart des programmes, limitées aux seuls bas salaires. Or on ne pourra pas construire l’économie de demain avec les recettes que notre pays utilise sans succès depuis près de 20 ans. Depuis 2003, près de 700 milliards d’euros ont été injectés dans des allégements et des incitations au niveau des bas salaires avec des effets bien modestes sur l’emploi. Si notre pays veut construire l’économie de la montée de gamme et de l’export, si nous souhaitons réindustrialiser le pays, il faut sortir de cette logique de l’assistance et des bas salaires. Nous proposons au contraire, comme l’ont fait les Allemands il y a 15 ans, une baisse des charges sur l’ensemble des salaires y compris sur ceux des cadres qui sont les développeurs de nos entreprises.
Le second concerne la fiscalité sur les taxes de production, locales ou sectorielles. Les programmes des candidats proposent de façon unanime une baisse de l’impôt sur les sociétés. C’est naturellement nécessaire, si notre pays veut renouer avec l’attractivité. Mais c’est insuffisant si nous voulons permettre à nos entreprises de monter en taille et en gamme. La raison est simple : malgré un taux d’IS très élevé par rapport à la moyenne européenne, son rendement est comparable à celui de nos voisins. L’IS est aujourd’hui l’arbre qui cache la forêt fiscale. Le vrai décalage français se situe au niveau des taxes sur les facteurs de production (masse salariale, valeur ajoutée) qui représente un prélèvement de 4,6% du PIB contre 1,8 en moyenne européenne, et 0,9% en Allemagne. C’est à ce niveau qu’il convient désormais de porter l’effort pour remettre la France dans la moyenne européenne. La compétitivité est l’affaire de tous et nous attendons des engagements des candidats, notamment vis-à-vis de la fiscalité locale.
Le dernier concerne l’appréhension de la révolution numérique et des bouleversements majeurs qu’elle implique dans tous les secteurs d’activité et sur toutes les entreprises quelle que soit leur taille. Les programmes économiques des candidats distinguent de façon artificielle d’un côté l’ancien monde des activités traditionnelles et de l’autre le nouveau, marqué par le numérique, la disruption de nos startups. Nous en sommes convaincus, c’est dans l’union de la base industrielle et de services traditionnelle et l’écosystème digital que la France pourra tirer son épingle du jeu. C’est dans l’union des acteurs startups, PME de croissance, ETI et sociétés de biotechnologie que réside la croissance et l’économie de demain. L’enjeu de cette union, dans les années qui viennent, c’est de libérer massivement l’investissement, dans une approche simple, globale et efficace. C’est enfin dans l’union des différentes formes de travail, autour de l’impératif d’agilité pour l’entreprise et de sécurité pour le salarié ou le travailleur indépendant que réside la réconciliation entre les entrepreneurs et leurs collaborateurs. Il est temps pour le logiciel politique d’intégrer cette approche qui aura le mérite de faire disparaître les innombrables seuils et les 544 niches fiscales ! C’est le plus court chemin pour relever enfin le défi de la compétitivité.
Par :
Cyril ZIMMERMANN, Président de l’ACSEL
Philippe D’ORNANO, co-Président du METI
Elizabeth DUCOTTET, co-Présidente du METI
Olivier MATHIOT, co-Président de France Digitale
Jean-David CHAMBOREDON, co-Président de France Digitale
Jean-Baptiste DANET, Président de CroissancePlus
Maryvonne HIANCE, Présidente de France Biotech